Apparue au catalogue de BMW en 2015, légèrement reliftée en 2017, La S1000XR subit une grosse évolution en 2020. Moteur, châssis, look ont été revus à la hausse. Cette catégorie de Trails sportifs possède ses amateurs qui viennent généralement d’une moto sportive mais qui ne veulent plus souhaiter faire de concessions au confort.
La S1000XR se trouve rangée dans la catégorie trails sportifs. Késako ? Un Trail sportif est composé d’un moteur de folie, d’une partie cycle au top et surtout n’est pas conçue pour poser ses roues hors asphalte. La S1000XR est donc bien placée au bon endroit et n’est pas vraiment une concurrente à la famille des GS présente au catalogue BMW. Il vous faudra réfléchir au moment du choix et vos attentes envers votre future monture déterminera le choix d’une XR ou d’une GS.
Pour le moteur, BMW se base sur le moteur de la S1000RR mais ne développant ici « que » 165 cv à 11000T/Min et offrant un couple de 114Nm à 9250T/min. On parle d’un Trail carrément sportif au vu des valeurs annoncées. La distribution variable QuickShaft est absente contrairement à la S1000RR. BMW annonce la S1000XR conforme aux normes Euro5, comme tous ces nouveaux modèles. Respect de l’environnement et baisse de la consommation en résultent.
Pour avoir testé l’ancienne mouture de la S1000XR, l’impatience était de mise. Ce moteur déjà copieux au niveau puissance et délivrant des sensations intenses peut-il être amélioré ? la réponse après une semaine en sa compagnie est oui ! Quelle santé, il est bluffant de puissance et le pire est la docilité avec laquelle ce bloc moteur vous sert ses Newton Mètres. Il permet de descendre à 2000 T/Min sur le dernier rapport et repart avec vigueur vers la zone rouge. Ce moteur est économe en carburant et la consommation de 6,2L/100Km mesurée sur notre semaine d’essai peut se révéler plus basse si vous ne jouez pas autant que nous avec les gaz. Cela va être difficile de résister à cette furieuse envie de tordre la poignée de gaz, d’entendre le rugissement du bloc et de vous retrouver calé dans la selle tout en constatant que le paysage défile de plus en plus vite sous vos yeux.
C’est littéralement jouissif pour autant de faire attention aux limitations ou de vivre en Allemagne. Ce bloc peut tout faire avec brio. La prise en mains s’est faite sous les terribles orages et averses du 17 Juin. Passé en mode Rain, il s’est adouci et nous a permis de regagner nos pénates sans crainte. Le weekend nous gratifiant d’une belle météo, une bien belle randonnée dans nos Ardennes lui a offert la possibilité de montrer son potentiel en mode joueur. Aucune crainte à avoir au moment de signer le chèque, vous allez vous amuser à son guidon.
Un moteur puissant est plaisant mais il faut pouvoir maîtriser cette débauche de Cv. BMW n’est pas avare sur les aides à la conduite et s’est permis d’installer ce qui se fait de mieux à son catalogue sur cette S1000XR. Modes moteur (Rain, Road, Dynamic et Dynamic PRO), une centrale inertielle, anti patinage DTC pourvu d’une fonction anti-Wheeling, les biens connues suspensions ESA, le régulateur de couple MSR, l’ABS en version PRO. Une liste longue comme un jour de pluie sans moto. Ces aides sont indispensables sur un missile Sol-Sol tel que la S1000XR. Ne boudons pas notre plaisir et accueillons ces aides comme une assistance et non pas un contrôle.
La partie cycle est revue aussi. Etriers Hayes remplaçant les Brembo, la fourche perd 1mm en diamètre et la suspension arrière est toujours montée directement sur le costaud bras oscillant sans faire usage d’une bielette.
Les magnifiques jantes sont issues de la S1000RR et permettent un gain de poids de 1,8Kg. La cure de poids a touché le bras avec une perte de 1,6Kg et le nouveau cadre Flex Frame perd 5Kg. Ces différents gains de poids ne se reflètent pas sur le poids total. La version 2020 n’affiche que 2Kg de moins sur la fiche technique. Supports de valises d’origine et autres pièces montées en série sur la 2020 en sont la cause. Comparée à la version 2019 avec les mêmes options et accessoires, on retrouve les quasi 10Kg de moins.
Le look a fait peau neuve et la S1000XR perd un peu de son identité. Fini le look décalé de la face avant, la S1000XR 2020 rentre dans le rang avec des optiques symétriques. Dommage, la signature visuelle était un point fort de l’ancienne mouture. Le reste de la S1000XR est resté dans la lignée de l’ancienne version. Larges épaules, haute sur patte, petite partie arrière affinée.
La selle vous pose dans la moto, les reins calés sans possibilité de bouger. Son rembourrage n’est pas des plus épais mais bien meilleur que sur l’ancienne version, information reçue d’un propriétaire d’une version 2018 qui s’est résolu à faire installer une selle confort par un artisan.
Le duo n’est pas oublié mais n’est pas défini comme un point primordial sur la S1000XR. Ma passagère ne s’est pas plainte, les balades de 200Km ont été supportables. Seul l’absence de top case sur notre modèle d’essai s’est montrée incommodante lors des puissantes accélérations dont est capable cette moto. Les jambes sont correctement pliées pour notre 1,82m. Le grand guidon écarte les bras mais le bras de levier offert participe au guidage facile de la S1000XR.
La bulle réglable sur 2 positions grâce à un guidage manuel se révèle correcte au niveau de la protection. En position haute, la pluie passait sur le sommet du casque sans mouiller ni les épaules ni le torse du pilote.
En résumé, notre S1000XR offre une hauteur de selle de 840mm et la largeur au niveau de l’entrecuisse permet de poser les pieds bien à plat à partir d’une taille de pilote de 1,70m. Il existe des selles hautes et/ou basses en options au catalogue. Un kit de surbaissement de 30mm est aussi disponible si les selles basses ne se montraient pas suffisantes. Petits motards, bienvenue à bord !
Petit aparté pour le petit coffre au sommet du réservoir dans lequel peuvent trouver place tickets de parking, de péages ou autres cartes de crédit. C’est pratique et devrait se trouver en série sur toute machine destinée au voyage.
Les options sont nombreuses, disponibles en packs ou à la carte. Il en résulte une moto sur mesure en fonction de vos besoins mais aussi une moto dont le prix de base de 17.650€ grimpera allègrement et atteint la somme de 21.355€ pour notre exemplaire d’essai. Cette moto est équipée du Pack Touring à 520€, du pack Dynamic à 1515€ et de pleins d’autres petites options alourdissant la facture telles que Phares de virage, Phare Pro, RDC, Pare-brise haut, Phares supplémentaires, GPS, Alarme, emergency Call.
Ces options telles que poignées chauffantes, béquille centrale, protège-mains, shifter, Cruise control, porte-bagage pourraient, voire même devraient se trouver d’origine sur une moto destinée au voyage. On a cette impression que cette S1000XR a le cul entre 2 chaises : gros supermotard joueur ou voyageuse rapide. Le choix du propriétaire de placer les options de son choix est pertinent mais grèvera le budget de certains candidats à l’achat qui risquent alors de se tourner vers un modèle de la famille GS.
Ce choix d’options est offert et permettra de voyager vite et loin si l’acquéreur le souhaite. Cette S1000XR est en effet une formidable machine à rouler. Il est dommage de la cantonner dans un rôle secondaire, il est tout à fait possible de l’utiliser sereinement au quotidien d’autant plus que le réservoir et la consommation mesurée autorisent des étapes de 300km. Commandes douces et faciles, vie à bord agréable, moteur rempli et docile pour qui sait l’utiliser en pleine conscience. Le train avant permet une vivacité telle que les virages ne sont plus craints mais souhaités. La partie cycle est aiguisée comme un scalpel et les limites seront plus souvent atteintes par le pilote que par la moto.
En ville, le 4 cylindres se montre conciliant même si on ressent bien que ce n’est pas sa tasse de schnaps, de thé pardon. Facile, regard posé au-dessus des voitures et le dos bien droit, le pilote se concentrera sur son pilotage. Sortie de la ville, que ce soit sur routes nationales ou autoroutes, la S1000XR exprimera son potentiel moteur et le plaisir de rouler à son bord bien présent chez le pilote. Bonne protection, stabilité, sécurité et puissance moteur feront de votre balade un bon moment de moto. Seul bémol, à partir des mi- régimes, des vibrations sont encore et toujours présentes comme sur l’ancienne version. Elles arrivent dans les cale pieds revêtus de caoutchouc et dans les poignées. En fonction de nos bottes portées lors de l’essai, elles ont été plus ou moins présentes. Jamais rédhibitoires, elles sont dérangeantes sans plus. Il est à remarquer qu’elles sont moins présentes que sur l’ancienne version mais n’ont malheureusement pas disparues. Dès 4000T/Min, elles apparaissent et s’amplifient vers 6000T/Min.
Cette S1000XR s’est montrée une très bonne compagne pendant notre semaine ensembles. Elle nous a mené au travail, faire les courses et faire la course aussi. Seul ou en duo, elle a tout pris en charge avec une bonne volonté évidente. Les suspensions dotées de l’ESA maison jouent leur rôle à merveille. Le mode Dynamic a été le choix le plus naturel en fonction de notre utilisation. Les petits chocs sont filtrés et les grosses compressions sont encaissées sans que cela ne vienne perturber votre trajectoire. Le confort de conduite en est ainsi renforcé et la crainte de rouler sur un bout de bois raide comme la justice s’efface. L’Esa a ses fans et détracteurs mais il faut reconnaître la bluffante efficacité de ce système. Les 150mm de débattements avant et arrière sont amplement suffisant vu la destination de la S1000XR.
La prise en mains sous les violents orages ne s’est pas révélée aussi désastreuse que crainte suite au choix de la monte pneumatique de la S1000XR. Bridgestone s’est vu confier la mission de chausser la S1000XR. Facile à dire sur papier mais dans la réalité, offrir les pneus les plus adaptés pour un Trail sportif de 165Cv devant rouler tous les jours et avec les contraintes de sa puissance tout en gardant de la polyvalence et de la longévité n’est pas un job facile. Les BT31 jouent leur rôle avec brio. Sous la pluie torrentielle, rien à déclarer même si le mode Rain de la S1000XR rend les choses plus faciles. Sur le sec et en mode arsouille, ils offrent une excellente accroche et sont prévenants, envoyant plusieurs signaux avant de rendre la main. Le pneu arrière de 190mm de large ne rend pas la moto pataude malgré notre crainte. En ce qui concerne l’usure, ces pneus sont montés sur l’ex moto personnelle de l’auteur (une Triumph Tiger 1050) et après 7000Km d’usage quotidien, ils sont encore bons pour le service.
Petit gadget présent avec le mode Dynamic Pro, la fonction Power Wheelie qui autorise la roue avant à quitter le sol jusqu’à atteindre la valeur de 30° de cabrage. Après quoi, la centrale inertielle reprend les choses en main et ramène la roue avant au sol. De quoi faire le kéké sans mettre la cabane sur le chien.
Mettre un moteur de fusée dans une moto, c’est bien mais il faut pouvoir l’arrêter aussi. Les étriers Hayes 4 pistons radiaux pincent des disques de 320mm. Les freinages sont puissants et le système se montre endurant. BMW a placé un répartiteur de freinage, le disque arrière combine ses efforts avec ses camarades de la roue avant. Ce même système répartit la pression exercée au levier de telle façon que la roue arrière reste plaquée au sol, ce qui renforce le sentiment de sécurité à la pris des freins en vue du panneau trop tard. Le freinage est puissant certes mais il se montre progressif et les freinages à un doigt se montrent possible tant le dosage est précis.
Cette S1000XR ne se révèle à vous qu’après un essai. Il est trop facile de la cataloguer et de ne la voir que comme un gros jouet pour petites balades très rapides. Cette S1000XR est capable de voyager, de jouer le rôle de navetteuse au quotidien, de poser ces roues sur circuit par moment. Bonne à tout faire alors ? Non, on ne va pas se mentir. La S1000XR nécessite une expérience de conduite pour ne pas se laisser déborder par sa puissance, aides électroniques ou pas. Elle demande de garder son sang-froid à l’ouverture des gaz, la rotation de la poignée droite de façon volontaire ouvre la porte d’un monde fait d’accélérations franches, de grognements moteur, d’images folles et on devient très vite accro. Il vous faudra garder raison sinon adieu le permis. Si votre petit démon intérieur laisse sa place la plupart du temps à l’ange de la raison, cette S1000XR a sa place dans votre garage. L’usure des consommables est équivalente à celui d’une sportive et les coûts d’exploitation seront plus élevés que pour un Trail orienté tourisme. Kit chaîne, pneus, freins sont des consommables qui ne sont pas donnés sur une moto de cet acabit. Si l’on fait fi de ces considérations matérielles et que l’on garde tête froide (par moment du moins), la S1000XR peut et doit s’envisager comme une compagne de vie au quotidien. Belle, rapide et efficace, elle se montre à l’aise dans tous les usages même si sa préférence va à la vitesse et aux trajets rapides. BMW a su faire évoluer ce modèle, rendant la S1000XR moins exclusive que la précédente version tout en réussissant le tour de force de la rendre plus puissante et sportive.
Vous pourrez bientôt lire et visionner l’essai longue durée de cette S1000XR réalisée par l’un de mes camarades.
Lolobadboy