Personne ne peut le nier, le design italien et la moto font souvent bon ménage nous gratifiant de machines aux courbes souvent sensuelles. Dans le cas de cette Hypermotard, la réflexion lors de sa création devait être toute autre. Pas qu’esthétiquement elle ne soit pas belle mais le but ici se trouve dans l’essence même de la moto : prendre son pied en pilotant.
Et là, à part Ducati, qui aurait l’idée d’aller monter un bicylindre 937cc de 113cv dans une moto qui semble prête à en découdre lors d’une compétition de supermotard ? A part peut être les amis Autrichiens mais la bi supermotard n’est plus au catalogue, on parle de la 990 SMC pour ceux qui ne suivent pas.
Bref, revenons à notre Hypermotard, un bicylindre donc développant 113 cv à 9000 tr/min et un couple de 97.9 Nm à 7500 tr/min pour un poids à vide de 178 kg (201 kg plein fait), si ça ne vous évoque rien… on ne peut plus rien pour vous. Inutile de dire que la Ducati pousse plutôt fort, voir même parfois trop tellement elle peut se montrer nerveuse. Notez que c’est peut-être dû au choix de la cartographie ! Le mode Race n’est peut-être pas le plus indiqué pour faire connaissance avec la belle. Il diminue au maximum l’intervention du DCT (contrôle de traction), programme l’ABS au niveau 1 et se passe du « lift control » (ça, c’est normalement pour pas se manger le guidon à la première accélération).
Repassé au mode Sport, les aides à la conduite reviennent aider au pilotage mais n’enlèvent pas grand-chose au côté crapuleux du Testastretta qui râle si on est trop bas dans les tours et vous catapulte d’un virage à l’autre le reste du temps.
Pour les plus timorés ou ceux qui voudraient l’utiliser même sous la pluie (si si il y a des motards qui roulent même quand il pleut), il reste le mode Wet qui se limite à 75cv et utilise au maximum les aides.
Pas de mode « road » ou « standard » ? Hé bien, non, on est chez Ducati que diable !
Pas la peine de vous faire de long discours à ce sujet, l’Hypermotard pousse fort et oublie même toute notion de souplesse, on ouvre les gaz et on en profite.
Oui mais la consommation ? Bon, on s’en moque un peu, d’ailleurs, Ducati n’a même pas prévu de jauge sur le compteur, pourtant entièrement digital. Et comme elle embarque quand même 16 litres, on peut se faire 200 kms sans souci avant de passer à la pompe, enfin si vous tenez le coup jusque-là.
Vous vous demandez pourquoi ? Bien, on doit reconnaitre que la selle n’est pas des plus confortables mais ce n’est pas ça qui va nous arrêter.
Qui plus est, version SP oblige, l’Hypermotard hérite de suspensions Ohlins de haut vol avec une fourche inversée de 48mm au débattement de 185mm et bien entendu entièrement réglable alors qu’à l’arrière, c’est aussi un Ohlins qui se charge du débattement de 175mm. L’ensemble confère une très bonne tenue de route, un peu ferme sur les routes en mauvais état sur lesquelles vous risquez de la maudire mais partout ailleurs, les suspensions s’accordent plutôt bien avec le caractère du moteur en encaissant plutôt bien.
Si vous n’avez toujours pas trouvé le problème, il est là, juste dans ce que je viens d’écrire. Avec un moteur au caractère bien trempé, une partie cycle qui le laisse s’exprimer, on se retrouve bien souvent à faire le zouave, à repousser un peu plus loin ses limites jusqu’au moment où on se fait peur. Après avoir presque fait décrocher deux fois l’avant en plein virage, perso, ça me calme un peu. Les Pirelli Diablo Supercorsa SP collent pourtant bien à la route mais mon pilotage a aussi ses limites. Et elles sont loin de mettre à mal celles de l’Hypermotard à mon avis. Il faudra donc, surtout dans un premier temps, vous montrer raisonnable à son guidon.
On peut aussi compter sur l’excellent freinage Brembo pour calmer vos excès d’optimisme. Étriers radiaux monobloc 4 pistons et disques de 320mm à l’avant et un 245 mm 2 pistons à l’arrière, voilà un ensemble qui se montre plus que suffisant pour stopper la Ducati. Freinage de bucheron garanti si vous maitrisez la chose et que vous y allez un peu fort sur le levier. Une fois de plus, allez y mollo, surtout si vous êtes dans le virage, l’Hypermotard n’aime pas la tendresse. Comprenez par là qu’il vaut mieux éviter de taper dans les freins en pleine courbe, surtout si vous n’avez pas l’habitude et même si vous l’avez d’ailleurs.
Il faut reconnaître que son look ne laissait que peu de place à l’interprétation. Des lignes tendues, du carbone qui complète cette version SP, un grand guidon, un tableau de bord full digital, un superbe mono-bras qui dévoile les non moins jolies jantes Marchesini en alu forgé… Il y allait forcément avoir du sport. Son garde-boue haut, ses protège-mains avec clignotants LED intégrés, son cadre treillis rouge ou le mini garde-boue à l’avant, non rien ne manque pour la rendre méchante.
Rien qu’à la mettre en route, le son distillé par le silencieux vous fait comprendre qu’on ne roulera pas pépère tranquille et plus vous mettez les gaz, plus elle vous donne envie d’en remettre une couche.
Pourtant, elle n’est pas exempte de défaut. Cette version SP fait grimper la hauteur de la selle à 890 mm et même avec mon mètre quatre-vingt, c’est parfois limite quand je veux poser les deux pieds au sol. Pareil pour y grimper, il faut lever la jambe assez haut. La selle très typée cross n’est pas non plus une invitation au voyage mais ça, on s’y fait. Le bouchon de réservoir non monté sur charnière est plus surprenant, on n’a plus l’habitude à part sur certains customs.
L’absence de jauge se fait sentir aussi parce que forcément, plus on lui en demande, plus elle consomme.
Dommage, il est plutôt complet en donnant toutes les informations nécessaires même si c’est parfois un peu petit
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Ce qui surprend le plus et là, je ne sais pas trop si je dois le classer dans les points positifs ou négatifs, c’est la position sur la moto. A peine démarré, j’avais l’impression d’être assis sur la route avant, à tel point que la majeure partie du temps, je ne vois même pas le compteur et je roule au feeling (pas bon pour le permis ça).
Dans les virages, c’est presque l’idéal, elle se balance très facilement d’un virolo à l’autre, sans sourciller pour peu que l’état de la route soit convenable. On se prend à sortir le pied comme en supermotard. Elle permet de les enchainer à des vitesses peu avouables (mais toujours dans les limites mr l’agent). L’Hypermotard se montre aussi assez stable même en haussant le rythme ou simplement sur autoroute.
Juste que la position est étrange, au freinage, j’ai presque l’impression de m’assoir sur le réservoir et fort logiquement, la moindre bosse qui fait trembler la fourche, je la sens directement dans le guidon.
Enfin, vous l’aurez compris, la Ducati Hypermotard est une moto plutôt exclusive et entièrement dédiée au fun. Elle se décline en version standard ou en SP comme celle ici présentée. Pour ceux qui voudraient un peu plus d’aspects pratiques ou de confort, il existe la Strada, avec le même moteur mais plus basse, avec moins de débattement et un peu plus lourde mais qui peut être équipée de valises et d’une bulle pour envisager un peu plus de polyvalence tout en restant sport bien entendu.
Il faudra ensuite passer à la caisse, avec des prix allant de 11.890 € pour une standard rouge (oui rouge, la noire est un peu plus chère), à 15.390 € pour cette SP, l’Hypermotard n’est pas à la portée de toutes les bourses, surtout pour une machine vouée au fun sans trop se soucier du quotidien. Au moins, elle vous déride même les plus boudeurs mais quand-même. La Strada se négocie elle à 13.290 € et est finalement peut-être la solution la plus équilibrée si vous ne voulez pas absolument avoir la totale Ohlins par exemple ou si vous ne vous sentez pas l’âme d’un pilote (mais pourquoi vous payeriez vous une Hypermotard dans ce cas ?)
Pour conclure, une chouette moto surtout pour s’amuser mais qui au quotidien se montrera, pour ma part, un peu trop exigeante et qui pourrait sans doute exploiter tout son potentiel sur piste plutôt que sur route même si elle affronte ses embûches sans trop sourciller.
Et la vidéo ?
Bien elle est là :