Fidèle de Moto-Zoom, Laurent nous fait part de ses pertinentes réflexions touchant à cette question qui nous taraude tous : « Mais quelle est la meilleure nom de... ?"
La meilleure moto du monde ?
Pas une semaine qui passe sans qu'un canard motocycliste ne nous vante l'essai ou le comparatif mettant en scène les meilleures sportives, les meilleures voyageuses, les meilleurs trails et la liste est longue et me plonge à chaque fois dans le même doute.
Cela fait maintenant 24 ans que j'use mes fonds de pantalons sur des 2-roues, de ma glorieuse Kreidler, la meilleure des 50cc, kitée en 85cc comme il le fallait, avec le pot et le carbu « qui vont bien », et ce jusqu'à ma Gsx 1200 Inazuma, mon destrier actuel, le meilleur ( ?) des roadsters rétros, équipée pour un minimum de confort sur longs trajets.
Pourtant à la relecture de tous ces vieux magazines conservés précieusement dans le grenier, la gagnante d'hier est la perdante d'aujourd'hui. Ou comment une top moto, un avion de chasse, une balle de guerre, le must have absolu se transforme subitement, via un cruel changement de millésime, en un tréteau qu'il vous faut vite changer sous peine de passer pour un has been et de ne plus pouvoir gagner le « Grand Prix de la Molignée », le dimanche avec les potes. De ne plus pouvoir vous emmener au bout du monde non plus, sans cette indispensable suspension électronique, cet abs et cette bulle réglable. De ne plus pouvoir enfin ramener alla casa cette jolie demoiselle certainement gênée de rouler sur un modèle 2008 et non sur le tout dernier.
Sérieusement, j'ai roulé sur pas mal de motos, passant de la supersportive asiatique la plus féroce à la même mais version transalpine. Je suis passé de la course aux chevaux à celle du plus gros couple, du plus grand confort aussi. De ma Bimota BB1 à une ducati St4, d'une Honda Ntv650 Revere (comme les coursiers mais en Café Racer) à mon Inazuma. A part les customs (pour le moment), j'ai roulé sur tout type de moto et chaque fois, je suis certain d'avoir roulé sur la meilleure.
Je rentre d'une semaine de Bretagne avec mon pote, mon frère, Eric. Il roule en CBR929RR, quelques années au compteur mais toujours rutilante et rugissante aussi, je le sais pour l'avoir suivi. On y a vu de tout comme motos, de la plus récente à la plus ancienne, une Terrot je crois. Pour vous dire qu'on n'était pas gagnant, lui en Superbike tombée du podium et moi en vieux roadster à carbus. A la lecture de la presse moto, on nous aurait presque traités de suicidaires, de fous originaux. Quelle idée de s'infuser 2000km de petites routes, de pluie, de virages, de bonne humeur, de bonnes bouffes et de souvenirs sur de vieilles motos inadaptées. Des fous, je vous dis !
Et pourtant, on l'a fait ! Pire, on en est revenus vivants et heureux avec pleins d'images et de souvenirs visuels, sonores, olfactifs et gastronomiques dans la tête. Avec une seule idée, REPARTIR : après le Chouchenn tour 2010, on envisage le Calva tour 2011. Le ver est dans le fruit !
Oui, j'ai rêvé par moments à une Bmw S1000rr et à ses 193 cv pour suivre et dépasser sa CBR sur les nationales rectilignes. Oui, il a rêvé à une Multistrada 1200, à sa suspension électronique et DTC, lors de la route de la Baie, de Saint-Malo vers Dieppe, sur ces routes bosselées et tortueuses. Oui, j'ai rêvé à une Pan European sous le déluge pendant la traversée de Rouen, carénage protecteur et poignées chauffantes. Oui, il a rêvé à une FJr1300 et ses valises chaque fois qu'on devait charger nos montures le matin et sangler tous ces sacs. Mais vous savez quoi ? Regardez la photo, on la nomme entre nous « le cigare de la victoire », parce qu'on l'a fait et même bien fait. Même en 125, on l'aurait fait, pas de la même façon, pas par les mêmes routes mais certainement avec le même plaisir. Et aussi avec ces étoiles dans les yeux, celles des gamins le matin de Noël devant les cadeaux sous les sapins.
Alors, la meilleure moto du monde, c'est la mienne, c'est la sienne, c'est la vôtre. Celle qui fait que je passe par le garage avant de dormir, juste pour la voir et sentir son odeur de moteur chaud. Celle qui me fait tourner la tête et ralentir devant une vitrine et me trouver beau dessus. Celle pour qui je passe des heures à chercher cette petite pièce qui va la rendre plus belle encore. Celle qui me file la banane en allant bosser. Oui même ça, elle le fait ! Et bien en plus.
Mais bon ça, c'est jusqu'au prochain salon, car il paraît que la nouvelle meilleure va y débarquer...
Indécrottables que nous sommes !
Bonne route et prenez soin de vous.
Laurent
