I am Bad
Sombre, la Night-Rod Special dans ce coloris ne brillera pas de mille feux sous le soleil. Le noir mat recouvre le réservoir et le garde boue arrière, tous deux parcourus de 2 bandes orange et le nom Harley-Davidson est inscrit dans la même couleur sur les flancs.Le ton est donné, le moteur est lui aussi noir, comme les jantes, la fourche, le capot de phare, seules les ailettes des cylindres sont chromées et les deux silencieux au look d'alu brossé tranchent avec le reste.
Ca fleure bon la machine de dragster ça, non ? Et la vidéo ne fait que confirmer.
Le guidon, de type drag-bar, est surmonté d'un tableau de bord spécifique aux V-Rod avec le compte-tours en demi-lune à gauche, la jauge à droite et dans le cercle central, la vitesse avec un petit LCD qui indique les trips et l'autonomie restante, dommage que la commande ne soit pas au guidon comme sur les derniers modèles.
Le radiateur (oui il s'agit bien d'un refroidissement liquide) est bien intégré à l'avant et passerait presque inaperçu, du moins tant que le ventilateur ne se met pas en route ce qui arrive quasiment à chaque arrêt prolongé.
Le faux réservoir semble tout mince et est dépourvu de bouchon, la trappe se trouve en fait sous la selle. La selle est basse (675mm) et paraît excessivement creusée alors que pour la figuration, un mini-pouf peut accueillir un passager (le ou la pauvre).
Le garde-boue arrière est raccourci au maximum et le feu à LED y est encastré de la plus belle façon, notez le souci du détail chez Harley !
Enfilez votre cuir noir, votre jet sur la tête, une paire de lunettes et préparez-vous à faire tourner toutes les têtes, le Bad Ass c'est vous aujourd'hui !
I am Fast
C'est le point fort de la V-Rod : le twin Revolution a été développé avec Porsche et ne vous fiez pas aux seuls chiffres de sa cylindrée (1247 cc), vous feriez fausse route de le prendre pour un petit moteur ! Ce qui compte ici, ce sont les 125 cv et le couple de 111 Nm à 7.250 tr/min. Il ne s'agit pas d'une faute de frappe, le couple est bien présent au dessus des 7.000 tr et ça change tout.
Pratiquement, là où la plupart des customs s'essoufflent, le Révolution se réveille. Passé les 5.000 tours, on peut encore ouvrir en grand et là, la Night-Rod vous colle les yeux au fond du casque et on remercie le designer de la selle sans laquelle on aurait fini sur le garde boue...
On ne sait pas ce qui est le plus marrant : la tête du chauffeur au volant de sa BMW que vous venez de déposer en un coup de gaz ou le regard inquiet d'un motard qui voit dans le rétro de sa sportive qu'il vous freine dans votre dépassement... en un mot : jouissif !
Quand on sait que le bestiau accuse 302 kg sur la balance, c'est bluffant ! Pour freiner vos ardeurs, Harley-Davidson fait appel à 3 disques avec 4 pistons et là au moins, ça freine fort alors que l'ABS évite les blocages de roues. Mieux encore, comme sur certaines sportives, on a droit à un embrayage anti-dribble vous autorisant ainsi à retaper les vitesses sans coincer la roue arrière.
J'en vois déjà sourire certains. Notons que côté sonorité, c'est plutôt décevant. " Pas le son d'une Harley ", qu'on nous a dit plus d'une fois et c'est vrai, on a connu plus expressif.
I am sad
Toute médaille a son revers et la Night-Rod n'échappe pas à nos critiques. La garde au sol tout d'abord est ridicule : 115 mm mais ne croyez pas que ce soit le 240mm qui vous pénalise mais bien les pose-pieds qui viennent trop rapidement râcler le sol dans les virages et ronds points. C'est vraiment dommage quand le moteur et le châssis vous permettraient bien plus... bon OK, le dragster ça se court en ligne droite mais quand même.
On pestera aussi sur les suspensions, du moins sur les amortisseurs car la fourche inversée remplit bien son rôle tant que l'état de la route le permet bien entendu.
L'arrière par contre semble avoir du mal à absorber les chocs. Là où la Break-Out vous épargnait, la Night-Rod vous renvoie sèchement tous les raccords de la route et votre dos ne vous dira pas merci.
Si le moteur apporte un max de sensations, il en va de même pour sa consommation : sans en abuser, on a consommé 6.4 litres aux cent. Ca reste raisonnable vu les performances de l'engin mais ça pourrait monter bien plus haut si on abuse de la poignée droite et on est forcément bien loin de la course à la moto la plus économique.
Les 18.9 litres du réservoir vous autorisent ainsi à presque 300 kms réserve comprise mais ça reste théorique.
Tant qu'on en est aux critiques, il nous est impossible de donner un avis pour le duo, le pouf (et encore, on est généreux là) réservé à la place arrière découragerait les plus téméraires et quand on sait comment la Night-Rod accélère, un sissy-bar ne serait pas de trop pour ne perdre votre passagère.
I am the Night-Rod special
La Night-Rod, comme la Muscle, est vraiment une race à part. Déjà par son look de dragster qui ferait presque peur, elle en impose et ensuite, c'est son moteur qui vous emballe. Elle a l'air méchante ? Oui, c'est parce qu'elle l'est et il faudra un minimum d'expérience pour en profiter, débutants s'abstenir.
Vous devrez apprendre à virer avec ce 240mm, ce n'est déjà pas une mince affaire. Vous devrez faire preuve d'abnégation face à son manque de protection qui ne vous épargne ni les jambes, ni le torse face au vent, en témoigne le nombre de mouchettes écrasées sur nos tibias à chaque sortie.Il vous faudra travailler vos biscotos pour manoeuvrer ses 300 kg et tenir le guidon quand vous passerez les 5000 tours.
Mais quel bonheur ! Vous avez une machine d'exception, différente des autres customs, au caractère bien trempé, capable de chatouiller, l'espace d'un court instant, tout ce qui roule tant que ça ne tourne pas.
On en vient à se poser des questions : avec une telle technologie dans les tiroirs, pourquoi Harley ne la propose que sur les V-Rod ?
Spécialiste de la moto et de la transformation à la carte, on imagine bien une Break-Out avec le moteur Revolution et ces freins à 4 pistons, on garderait bien l'anti-dribble et on remonte les pose-pieds... méchante idée, non ?
Même les tourings de la marque pourrait sans doute tirer profit de ce matériel.Il est vrai qu'Harley avait conçu la Street-Rod il ya une dizaine d'années pour répondre aux besoins des motards européens. Et vous savez quoi? elle a eu si peu de succès qu'elle a très vite déserté le catalogue. Dommage...
Mais aussi, que donne cette Night-Rod une fois passée par les mains expertes d'un mécano Harley ? Avec des vrais échappements et les quelques manipulations qui vont bien, elle devrait envoyer du lourd...
Reste qu'à 17.295 euro en uni (et 17.595 euro en bi-ton), le plaisir de la piloter n'est pas à la portée de tous...
Importateur :Harley-Davidson Benelux Verryn Stuartlaan 292288 EK Rijswijk+31 70 757 4900www.harley-davidson.com