Un look racing
Cette 690 SMC est tellement extrême que certains en viendront à se demander si elle est bien prévue pour rouler sur la route. Nous ne parlons même pas encore du moteur mais juste du look qui ne souffre aucune concession à l'esprit de la compétition : roues à rayons de 17 pouces, garde-boue avant haut, plaque de phare, protège-mains, pose-pieds dentés, selle fine et longue allant même de la fourche à la mini coque arrière qui est en fait le réservoir autoporteur en plastique robuste et échappement longeant la coque relié directement à la culasse via son collecteur.Elle a de la gueule, prête à bondir dès que le feu passe au vert, comme si rien ne pouvait l'arrêter.
100% maniabilité
Si vous êtes suffisamment grand pour ne pas être dérangé par les 91 cm séparant la selle du sol, vous garderez un grand sourire en enfourchant la SMC, le guidon large tombe bien en mains, la selle permet de se placer comme on le souhaite pour charger plus ou moins le train avant. La KTM SMC profite également de son poids contenu d'à peine 139,5 kg (à sec) et le réservoir se trouvant sous la selle font de cette moto une des plus maniables et vives que nous ayons testées. Evidemment, tout le monde ne se sentira pas à son aise, certains même pourront juste se contenter de la regarder faute de pouvoir toucher terre même avec des semelles compensées de plusieurs centimètres. Cela vaut pour le pilote et pour la passagère car il est en effet possible d'embarquer quelqu'un à condition de partager la selle.
Pour vous donner une idée, du haut de mon 1,80M, je ne sais pas déposer les deux pieds à plat avec la moto droite. Il faut donc accorder toute sa confiance à la moto parce que poser le pied sur un terrain accidenté s'avère rapidement une aventure délicate.
A part ça, la SMC est vraiment un jouet permettant de se jouer de tous les obstacles en ville comme à la campagne, se moquant totalement des bosses et de l'état des chaussées. Son cadre pèse à peine 8 kg . construit en acier au chrome molybdène, il offre rigidité et légèreté à la machine. Celui-ci est toujours associé à WP (White Power) pour les suspensions dont le mono amortisseur arrière au débattement de 265mm avec bonbonne intégrée. Il permet ainsi de régler au mieux sa machine en autorisant un réglage de précontrainte, de compression et de détente. Toutefois, nous ajoutons malgré tout un bémol. La SMC est faite pour accélérer mais n'apprécie pas trop les vitesses de pointe. Elle a même parfois tendance à guidonner passé les 125 km/h et il faut de gros bras pour ne pas se faire désarçonner, impossible par contre de savoir si c'est juste dû. à la vitesse ou au revêtement parce que le phénomène n'est pas systématique.
Dynamite Kat
Une fois de plus, on retrouve le LC4, le monocylindre 654cc déjà présent dans les Duke et les 690 supermotos testées précédemment sur Objectif-moto.com.Et forcément, il ne s'est pas calmé dans cette version SMC, développant 62 cv (si pas le plus, un des plus puissants monocylindres de cette catégorie). C'est du brutal, la moindre accélération semble pouvoir vous retourner ou du moins délester la route avant sur les premiers rapports. Nous n'avons même pas compté le nombre de fois où en sortie de virage, le petit coup de gaz a fait décoller l'avant... vraiment la fun machine qui a des watts là où on les attend et que l'on peut en plus utiliser sans forcément rouler au dessus des limitations.
C'est peut être ça, la définition du plaisir à moto. Bien sû.r, il ne faut pas oublier qu'il s'agit d'un monocylindre avec tout ce que ça comporte comme inconvénients : entretien plus fréquent, obligation d'être dans la bonne plage moteur car en dessous de 3500 tours, elle cogne ou elle cale avec toutefois un peu plus de souplesse que la Duke lors de notre essai. La zone rouge commence vite... Ce qui laisse quelques tours pour vous amuser mais il faudra jouer du sélecteur. De ce côté, rien n'à reprocher non plus, la boîte KTM est précise et rapide, nous ne l'avons pas prise en défaut une seule fois pendant notre essai.
Pour faire parler la poudre, KTM ne rechigne jamais sur l'équipement High Tech pour ses machines.Les pièces de la culasse ont été soignées aux petits oignons, allégées et rendues plus performantes tant au niveau des basculeurs que des soupapes. Le balancier d'équilibrage est placé en position centrale pour diminuer au mieux les vibrations engendrées par le cylindre.Vous retrouvez aussi avec plaisir l'anti-dribble APTC empêchant la roue arrière de rebondir en cas de rétrogradage trop brutal mais permettant aussi d'adoucir la commande du levier d'embrayage. Celui-ci reste en effet confortable au quotidien.
0% concession
Enfin, pas vraiment 0% vu que vous avez quand même droit au bloc compteur assez complet. Surtout comparé au look de la machine, il apparaît presque comme un luxe avec compte-tours et vitesse.
Par contre pour le reste, ne cherchez pas le confort : la selle est dure comme un bout de bois. Vous n'aurez pas mal de la position sur la moto, juste que vos fesses crieront au scandale, surtout après une journée passée sur la moto.Chose étonnante par contre, le réservoir a beau ne contenir que 12 litres (dont 2.5 de réserve), il offre une autonomie plus que satisfaisante. Nous avions parcouru 200 kms sans avoir allumé la réserve, soit moins de 5 litres au 100 kms alors qu'elle n'a pas été forcément ménagée. Voilà une prouesse technique qui mérite d'être mise en avant : pas une autonomie énorme mais suffisante pour partir en promenade sans toujours devoir chercher une pompe.Tant que nous parlons de faire le plein, armez vous de patience, le bouchon situé à l'arrière de la selle n'est pas le plus simple à ouvrir et vous ferez attention en remplissant car on a vite fait de badigeonner tout l'arrière d'essence, juste à côté d'un pot d'échappement bien chaud.
Aussi, vous penserez à vérifier que le tuyau de trop plein est bien présent, notre moto d'essai n'en était pas équipée et voyez le résultat sur les photos ou la vidéo, de l'essence un peu partout, pas joli joli tout ça. KTM nous précise toutefois que les motos sont vendues avec cette évacuation pour éviter ce désagrément. Côté freinage aussi, on ne fait pas de cadeau (aux concurrents) : la SMC se voit dotée à l'avant d'un disque flottant de 320mm avec un étrier 4 pistons à montage radial d'origine Brembo. Autant vous le dire tout de suite, ça ne ralentit pas, ça vous stoppe sur place. Il faudra se méfier de ne pas empoigner le levier comme un sauvage sous peine de se manger le guidon sans avoir eu le temps de comprendre ce qui se passe.Après quelques kilomètres, le levier devient gérable mais reste délicat et il n'y a pas de place pour l'approximatif, ça freine fort, la moto reste en ligne mais plonge de l'avant, gare aux surprises.
Nos copains US auraient réduit ça à une pancarte "Wanna play ?" collée sur votre dos.Déjà que le pilote de la SMC 690 aura du mal à rester sage et on le comprend, ce n'est pas évident d'avoir une machine pareille entre les mains et de rouler pépère, elle n'aime pas ça en plus. Mais en plus, vous promener au guidon de cette KTM attire irrémédiablement un lot d'excités de la poignée ou fous du volant pressés de vous montrer que vous ne saurez pas le suivre.
Ah, la plupart du temps, il repartira la mine déconfite mais est-ce bien raisonnable ?Non bien sûr mais notre titre annonçait la couleur : la KTM est un vrai jouet, pour les grands et de préférence pas trop sages pour profiter de tout ce qu'elle peut vous offrir.Objectif-moto ne vous garantit pas que votre permis (ou vos points pour nos amis français) apprécieront, eux !
Vous ? Aucun doute, si c'est du fun que vous cherchez, vous en aurez.
Prix: 8.990 euro.