Dans le créneau très concurrentiel des scooters 125, le Downtown de Kymco remontait à 2015. Le remettre au goût du jour était donc un must, et force nous est de reconnaître que la marque taïwanaise ne s’est pas ratée. Voyons ça de plus près.
Les scooters 125 ont le vent en poupe et, parmi eux, les GT sont très prisés. C’est normal puisque ces véhicules accessibles avec un permis B sont susceptibles de satisfaire les automobilistes lassés du trafic congestionné, grâce à leur facilité, à leurs aspects pratiques et à leur confort. Ils sont donc un enjeu de taille pour les constructeurs et le vieillissant Downtown nécessitait toute l’attention de Kymco qui en a gardé l’appellation mais l’a redéfini en profondeur. Désormais devenu « GT », le Downtown qui se décline aussi en 350cc, réussit la gageure de cocher presque toutes les cases de son dossier de presse. Si ce dernier se doit d’insister sur les nouveautés d’un véhicule, il s’apparente souvent à une simple publicité destinée aux journalistes, ce qui peut l’éloigner de l’objectivité nécessaire. Eh bien dans le cas qui nous occupe, je dois dire que mes opinions rejoignent la grande majorité des allégations du dossier de presse, et ce n’est pas toujours le cas ! Passons-les en revue au gré de cet essai de 700km au quotidien.
Technologie et esthétique en hausse
Boostées par le succès des scooters en Europe, les avancées technologiques n’ont cessé de se diffuser vers les petites cylindrées si bien qu’actuellement, un 125 qui brigue le haut niveau, comme ce Downtown GT, se doit de compter sur un ABS performant secondé par un anti-patinage qui ne l’est pas moins. J’entends déjà se gausser les motards aguerris : un traction control sur un 125 de 13cv, à quoi ça peut bien servir si ce n’est à disposer d’un argument de vente supplémentaire ? Personnellement, je ne serais pas si critique : puisque ce genre d’engins se destine aux automobilistes déçus ou à des « motards » plutôt inexpérimentés, cet équipement peut les sortir d’un mauvais pas sur des chaussées glissantes ou en cas d’optimisme démesuré en sortie de virage. Et qui plus est, le dispositif retenu par Kymco s’avère discret et peu intrusif –au même titre que l’ABS d’ailleurs-, ce qui lui fait recueillir tous nos suffrages.
Certes, l’éclairage full LED avec ses feux de jour originaux n’est plus une nouveauté, mais comme les Taïwanais s’y entendent pour concevoir des signatures lumineuses typées, on n’est pas déçu non plus. Ceci dit, je parle de Taïwanais, mais c’est peut-être à des Italiens que l’on doit ce « regard » chic car Kymco a ouvert récemment un bureau d’étude en Italie, et c’est précisément là que les nouveaux Downtown GT ont été dessinés. Et ce soin transalpin appliqué à la ligne nous donne un scooter à la fois agressif, statutaire et dynamique. Bien servi par son coloris bleu pétrole, de loin le plus beau d’après nous, notre Downtown d’essai n’a reçu que des éloges.
Le tout nouveau tableau de bord, avec sa dalle LCD de 6 pouces en jette un max ; il est à la fois complet, esthétique et lisible en toutes circonstances. Avec ses petites particularités (la vitesse augmente et diminue par tranches de 3km/h ; la consommation instantanée ne dépasse jamais 2,5L/100km), il a pourtant un défaut inattendu : même en mode sombre, il est tellement lumineux qu’il gêne vraiment la visibilité quand on roule de nuit. Résultat, le pilote doit relever la tête pour masquer l’affichage derrière la mentonnière de son intégral… A parler franc, ça pourrait même être dangereux sur des routes de campagne peu ou pas éclairées ; si bien que rouler tête levée devient virtuellement obligatoire. Bien entendu, le système de démarrage est keyless, ce qui est pratique et convivial et Kymco a pensé à nantir le Downtown de deux prises USB ; l’une normale et l’autre USB-C pour les standards plus récents, bien vu !
Mais encore ?
S’agissant de la partie-cycle, les Taïwanais (et les Italiens) sont repartis d’une feuille blanche. Leur première décision a été de revoir la dimension des roues : le GT adopte un couple de 15 pouces à l’avant et de 14 pouces à l’arrière, soit un pouce de plus qu’auparavant pour chacune des jantes. Le gain en maniabilité par rapport au Downtown précédent est indéniable et le GT est nettement moins paresseux dans les enchaînements. D’autre part, il bénéficie aussi d’un nouveau châssis tubulaire qui lui apporte plus de rigidité ; certes, on n’est pas au niveau dynamique d’une moto, mais le GT se positionne clairement comme un scooter efficace en matière de tenue de route, d’autant que son réservoir surbaissé masque bien son poids.
De leur côté, les suspensions sont également nouvelles et contribuent aux bonnes prestations dynamiques du Downtown sans toutefois se départir d’une sécheresse réelle du double combiné arrière sur les reliefs de nos chaussées ; c’est le tribut inévitable à payer à l’architecture typique d’un scooter. N’empêche qu’au sortir de cet essai, les impressions sont résolument positives car le GT s’avère efficace, mêlant maniabilité et stabilité à « grande vitesse ». En termes de confort, si l’on excepte la sécheresse des amortisseurs arrière, le bilan est très positif tant pour le passager, dont les jambes sont bien dépliées et qui peut compter sur des poignées de maintien à la fois bien situées et bien conçues, que pour le pilote qui apprécie la moelleux de la sellerie. Par contre, lorsque l’on est aux commandes, on remarque que le dessin retenu pour l’avant de la sellerie vous fait facilement glisser vers l’avant, ce qui vous oblige à vous remettre régulièrement en position optimale de pilotage. En réalité ceci constitue le seul point plus faible découvert sur ce Downtown GT, à l’instar de la luminosité excessive de son affichage lors d’une conduite nocturne. Mais en regard des grandes qualités de ce scooter, nous conviendrons volontiers qu’il ne s’agit là que de détails.
Et les performances, ça donne quoi ?
Si on se souvient qu’on est aux commandes d’un scooter 125 affichant 172kg lors de la pesée –12kg de moins que la version précédente !- et comptant sur 13 chevaux lorsque la porte de l’écurie est grande ouverte, on sait d’emblée qu’il ne faut pas s’attendre à déchausser les pavés à l’accélération ni à générer des traînées de condensation sur autoroute… N’empêche que ce nouveau Downtown GT Euro5 (seule la version 350 est Euro5+) donne entière satisfaction : notre scooter à peine sorti de caisse est monté jusqu’à 121km/h compteur, ce qui lui permet de se fondre sans anicroche dans la masse des véhicules moins rapides sur autoroute. Et en ville ou sur des routes de campagne, ses performances sont largement suffisantes pour faire plus que simplement s’insérer dans le trafic : on peut se faire plaisir à son guidon en s’appuyant sur sa disponibilité mécanique (11Nm decouple à 7250rpm) et sur ses qualités dynamiques et ça, ce n’est pas quelque chose que n’importe quel 125cc peut vous offrir.
Ici peut se poser la question de la fiabilité à long terme d’un scooter 125cc pour un navetteur qui doit emprunter l’autoroute. A 121km/h compteur, on se situe évidemment dans la zone rouge du compte-tours (à partir de 9000rpm) ; dès lors, il est évident que ce n’est pas un exercice qu’on peut réitérer tous les jours sur 50km, « on finirait par casser son moteur, nous confirme-t-on chez Kymco », et c’est bien naturel. Par contre, rien n’empêche de pratiquer cet exercice autoroutier quotidiennement si on se montre plus parcimonieux avec sa poignée droite car, à 106km/h compteur (soit entre 95 et 100km/h chrono), on reste résolument hors de la zone rouge. Et puis, ce Downtown 125 GT est garanti durant 5 ans, preuve que le fabricant croit en sa fiabilité… Tiens mais, et ça consomme combien un 125 ultramoderne comme celui-ci ?
Kymco annonce une moyenne de 2,7L/100km. Nos mesures de leur côté donnent 3,1L/100km pour un journaliste expérimenté ne connaissant que le mode « Poignée dans le coin » et 2,5L/100km pour l’automobiliste blasé connaissant peu le monde du deux-roues. Les chiffres avancés par le fabricant doivent donc être dans le vrai pour la majorité des utilisateurs. Avec un bidon de 12,5L, vous irez donc loin...
Concluons
A son guidon, il ne fait aucun doute que le Kymco Downtown GT est un scooter haut de gamme : les finitions sont d’excellente facture, le confort est au rendez-vous (deux bulles différentes sont fournies d’origine), l’équipement est fourni (2 vide-poches, 2 prises USB, système keyless, ABS et TCS, soute de 52 litres). De plus, son moteur économe est très disponible et sa partie-cycle lui assure des prestations dynamiques de haut niveau pour un 125 GT. Nous pensons donc que Kymco réussit parfaitement la mise à jour de ce scooter qui mériterait de devenir un best-seller à 4999€.
