D'une organisation parfaite et en toute convivialité se déroulait samedi dernier le 7ème Retro Moto International de St-Cergue. Cette manifestation au plateau exceptionnel de pilotes a attiré la foule qui s'est déplacée en masse tout au long de ce parcours mythique de plus de 7 km pour voir parader des pilotes d'exception totalisant 22 titres de champions du monde et représentant pas moins de 14 nations ! Ainsi les beaux lacets de la route de Nyon - St-Cergue se sont vus transformés en piste accueillant environ 250 motos et une vingtaine de side-cars.
Parmi les stars du deux-roues ayant pris part à cette manifestation on pouvait applaudir aux passages Messieurs Jim Redman, Phil Read, Freddy Spencer, Troy Corser, Christian Sarron, Teuvo Länsivurori (Tepi), Pentti Korhonen, Roland Freymond, Bruno Kneubühler, Jean-François Baldé, Alain Genoud, et tant d'autres encore. La pratique du side-car a eu sa belle part de participation aussi.
Des rencontres humaines vraies, simples et mémorables entre pilotes heureux de partager leur passion et un public ébloui, fasciné par ces belles mécaniques plus ou moins anciennes !
M. Sarron, il semblerait qu'il y ait eu un petit problème technique, que s'est-il réellement passé ?
On ne va pas parler de problème technique on va juste dire que ici, c'était la première fois de ma vie que je participais à une course de côte. Donc avec des virages vraiment très lents, des épingles très serrées, sur une route assez étroite aussi, donc à des vitesses qui sont anormalement basses pour des circuits. On n'a pas l'habitude. Donc la moto qu'on m'a prêtée de la collection de Ferry Brouwer est la moto 250 d'un ami, Carlos Lavado, moto avec laquelle il a été champion du monde. Bon, cette moto était réglée avec un braqué très long; ça veut dire que j'étais obligé de sortir de beaucoup de virages en utilisant l'embrayage parce que j'étais beaucoup trop bas en régime et, utiliser l'embrayage, n'est pas forcément très agréable et ni très sain pour la moto. C'est une moto de collection, je ne voulais pas casser l'embrayage; mais sans utiliser l'embrayage, je rappelle que c'est donc un 250 Yamaha sous 8'000 tours, il n'avait absolument pas de puissance et on ne peut pas accélérer donc j'étais obligé d'utiliser l'embrayage assez souvent, si bien que je n'ai pas participé à la dernière montée parce que je sentais que l'embrayage arrivait en fin de vie et je ne voulais pas risquer de casser cette moto qui est une vraie moto de collection. Donc là on ne peut pas parler d'un souci technique car la moto fonctionnait parfaitement bien mais il s'agit bien plutôt d'une mauvaise adaptation d'une machine qui est une vraie machine de Grand Prix, de course, et non faite vraiment pour ce genre de tracé.
C'est donc votre première participation au Moto Retro de St-Cergue ?
Oui, c'était la première fois, je me suis fait énormément plaisir. Il y avait un plateau exceptionnel de vieilles machines, de pilotes aussi et de vieux copains. Puis il y avait aussi un public enthousiaste, une journée fabuleuse dans la bonne ambiance. C'était vraiment très bien !
Oui, le plaisir pour nous anciens pilotes, j'en parlais avec Freddy Spencer, c'est de pouvoir côtoyer les passionnés, le public, les fans, car on considère que la moto est une grande famille, sans barrière entre la course, la route, les vieilles motos ; la moto est une passion qui nous réunit tous et on est content de pouvoir être justement réunis ensemble, contrairement à ce que deviennent les courses modernes, les GP où vraiment il y a les spectateurs d'un côté des grillages et les courses de l'autre côté. Ceci est très dommage. Je ne dis pas qu'il y a pas forcément de solution facile mais c'est dommage ; moi j'ai connu les courses et les GP à une époque où les paddocks étaient ouverts à tout le monde durant les GP. En souvenir de cette époque et de cette bonne ambiance qui y régnait, eh bien, je suis content aujourd'hui de fréquenter ce genre de manifestation où on est avec le public, avec les passionnés.
Par exemple à Dijon, au Moto Légende, vous avez pu voir que, et Wayne Gardner, et Freddy Spencer et moi-même utilisions des 500 Yamaha de Grand Prix, deux temps, sans aucune électronique, c'est à dire avec des moteurs appelés screamer ou moteur hurleur en français. Ce sont des moteurs extrêmement violents qui ne bénéficient d'aucune assistance électronique. Donc, pouvoir rouler avec ça, c'était aussi un grand plaisir et ce, d'autant plus avec des pilotes qui ont aussi connu ce genre de choses, mais tout en restant modestes avec ce type de machines, à nos âges.
Un autre point fort de la journée, représenté par le passage d'un deux roues pas comme les autres qui, à sa manière, a aussi fait sensation sur le tracé de la montée de St-Cergue !
Au centre du village se dressaient les paddocks avec toujours cette vision de machines superbes et exceptionnelles, accessibles au public, rappelant toute l'histoire de la moto à travers les décennies.
Dans la salle du Vallon une exposition de motos de collections, des machines parfois très rares attirent la convoitise des visiteurs passionnés de tous âges.
Une partie de cette exposition est d'ailleurs dédiée à Jarno Saarinen et à Renzo Pasolini, deux grands champions aux carrières exceptionnelles mais malheureusement bien trop courtes car partis bien trop tôt...
C'était l'occasion de rencontrer la femme et le frère de Jarno Saarinen, venus spécialement de Finlande présenter au public les motos et objets personnels de Jarno à l'occasion du 40ème anniversaire de sa disparition.
Mme Soili Karme-Saarinen rendait un poignant et vibrant hommage à son mari Jarno Saarinen à travers un discours plein d'émotions.
Monsieur Jari Saarinen, de quand datent ces motos et quelles en sont leurs particularités ?
La Tunturi Puch Gg 125 cc date de 1967 et peut atteindre une vitesse de 180 km/h.
Je pense que c'est vraiment d'une rareté exceptionnelle et à la fois une moto vraiment très spéciale aussi. Un homme, directeur d'une usine qui faisait de petites motos en Finlande a trouvé une usine en Autriche où il a déniché des choses intéressantes. Ensemble ils ont ainsi rassemblé des pièces mécaniques de partout en Europe. Ce modèle là est vraiment de conception unique, il ne doit pas beaucoup en exister de pareil de par le monde !Et c'est du monocylindre !
En 1968 Jarno Saarinen gagnait sur piste en Autriche avec cette moto là issue d'un assemblage de différentes technologies dans le moteur conçu par l'usine finlandaise.
La Yamaha TD2 250 date de 1971 ; avec ses 40 chevaux elle atteint une vitesse de 250 km/h.
La Benelli est une moto de l'italien Giuseppe Sandroni que Jarno Saarinen a pilotée en 1972.
Comment s'est passé votre voyage vers la Suisse ?
C'est vraiment la première fois au monde que ces trois motos et les objets personnels de Jarno Saarinen quittent la Finlande. Ces objets sont toujours restés dans un musée à Turku, en Finlande, chez le frère de Jarno. C'est donc exceptionnel de pouvoir les admirer ici à St-Cergue ! Probablement une exposition se fera en Italie car une invitation a été lancée.
Jari Saarinen est déjà venu visiter la Suisse auparavant et aujourd'hui il est très heureux de participer au Retro moto de St-Cergue mais aussi particulièrement ému car 2013 correspond au 40ème anniversaire de la mort de son frère tragiquement disparu dans l'accident de Monza le 20 mai 1973. Ce même accident avait aussi coûté la vie à Renzo Pasolini.
Pour Jari Saarinen le fait que les motos continuent de rouler est une manière de rendre un hommage perpétuel et de garder vivante la mémoire de son frère. Ainsi, il entretient et prépare ses motos pour pouvoir rouler avec régulièrement. Il a par exemple refait le parcours d'Imatra avec ces motos qui pour lui, sont bien loin d'être uniquement des pièces d'exposition pour un musée !