Royal Enfield vogue sur la vague du succès ces dernières années. La présentation du bloc bicylindre 650 a amené un vent de fraîcheur sur une gamme composée jusque-là de bloc monocylindre décliné à toutes les sauces.
La Royal Enfield Shotgun 650 est la 4ème déclinaison de ce bloc moteur. D’abord introduit sur l’Interceptor, puis la continental GT, suivi elle-même par la Supermeteor. Un roadster, un café Racer, un custom et maintenant, un Bobber.
Bien que non fan de ce type de moto, l’envie de l’essayer se montra dès la parution des premières photos. Après avoir participé à la soirée de lancement officiel chez un dealer de la marque, il me fallait l’essayer.
Lors de la réception de la moto d’essai, superbe dans cette livrée grise et agrémentée de certains accessoires que nous détaillerons plus loin, l’espoir que les qualités de conduite soient à la hauteur des qualités visuelles apparut.
Le bloc moteur est le désormais bien connu bicylindre parallèle, 4 temps, 4 soupapes, refroidi par air/huile développant la modeste puissance de 47cv à7250T/Min et offrant un couple de 52.3Nm à 5650T/Min. Rien d’ébouriffant à la lecture de ces données constructeurs. Les données techniques sont une chose, le plaisir et le comportement en sont une autre. Ce bloc est une réussite au niveau du caractère, il est joueur, volontaire et l’impression d’avoir sous la poignée bien plus que 47Cv est bien présente. On nous le vendrait pour 60Cv comme une concurrente anglaise que nous ne serions pas étonnés.
La vigueur qu’il met dans la montée en régimes nous prouve encore une fois qu’un bon moteur est un moteur avec du caractère et celui-ci n’en manque pas. Nous avons pu utiliser cette Shotgun 650 d’une façon très dynamique comme sur un roadster moderne. Moderne ? oui, même si l’esthétique nous renvoie à de lointains souvenirs de motos transformées après-guerre pour rouler en gagnant du poids et être personnalisée à outrance, cette Shotgun 650 est moderne par son équipement. Moteur à injection, embrayage multidisques à bain d’huile, boite 6 vitesses, ABS, démarreur électrique, éclairage Leds. Rien ne manque à l’appel.
Le moteur est utilisable au quotidien pour aller bosser, faire le con le week-end avec les potes et aussi partir en vacances avec Madame et les bagages. Son couple et son caractère lui autorisent un usage quotidien sans restriction. Bon, ce n’est pas la peine d’aller chercher la vitesse de pointe, ce n’est pas son point fort. Cependant, les reprises avec un coup de pied au derrière font partie de la dotation de la Shotgun 650. A plusieurs reprises, nous avons eu la banane sous le casque sur les petites routes sinueuses. Les longs trajets quotidiens sur route nationale n’ont pas été un calvaire non plus tout comme les rares portions d’autoroutes empruntées pour regagner nos pénates plus rapidement.
La partie cycle est aussi une agréable surprise de cette Shotgun 650. Alors, commençons par l’avant. La fourche inversée Showa à fonction séparée offre un débattement de 120mm mais surtout, un guidage sain et précis du train avant. Vu notre gabarit de demi de mêlée, des ressorts plus adaptés feraient notre bonheur mais dans la configuration d’origine, cela reste très acceptable. L’arrière n'est pas en reste car Showa livre deux amortisseurs réglables en précontrainte au débattement de 90mm. Du basique certes mais qualitatif.
Le cadre tubulaire en acier pèse son poids et amène l’ensemble au 240Kg en ordre de marche. Il est conséquent dans le choix du constructeur au vu de l’orientation de la Shotgun 650. Ce n’est pas la dernière sportive à la mode et un cadre alu ou carbone n’est vraiment pas d’application.
Les jantes à bâtons coulés en alu sont chaussées en 19 pouces devant et 17 pouces derrière. Autant pour le look que pour l’efficacité. Dans nos contrées, il sera rare de voir une Shotgun quitter l’asphalte mais ailleurs, il en sera clairement question. Les pneus sont du manufacturier CEAT. Lors de notre essai dans ce printemps pourri, rien à signaler. Sur le sec ou sous la pluie, ils ont fait le job et malgré les remarques lues sur le web, nous n’avons rien à leur reprocher.
Avoir un moteur qui va bien, c’est cool. Un châssis qui tient le parquet aussi mais l’idéal c’est quand les freins assurent le job autant que les autres composants. Ici, pas de plainte à avoir. Un disque de 320mm devant pincé par un étrier double piston et un disque de 300mm derrière pincé lui par un étrier double piston aussi. Le tout assisté d’une centrale ABS simple et efficace. Que demander de plus ? Puissance et progressivité sont de la partie et même s’il faut tirer fort sur le levier et associer frein avant et frein arrière, le freinage est actuel et ne vous provoquera pas de sueur froide. Bien lancée, la Shotgun 650 peut arriver vite, très vite sur un virage serré et la prise de freins, bien que provoquant un redressement de la moto, ne cause pas de soucis au pilote. C’est validé et notre conduite, disons assez dynamique voire rapide, ne nous a pas permis de déceler une quelconque défaillance.
Ce choix qui est fait par Royal Enfield en amenant la Shotgun 650 sur le marché est stratégiquement bien porté. Une moto moderne avec un look d’ancienne et une capacité à être modifiée grâce au généreux catalogues de pièces détachées et autres accessoires de la marque.
Vous passez d’une moto avec selle biplace à une moto d’égoïste et ce, avec ou sans porte-bagages. Notre version d’essai était livrée avec la selle monoplace confort.
Look et confort réunis sur la même pièce. Notre séant ne s’est jamais plaint malgré les longs runs effectués à son guidon. Pour le confort du passager, je resterai muet car pas eu la possibilité de tester ce duo ainsi que l’emport de bagages.
Niveau de l’instrumentation, Royal Enfield a doté cette Shotgun 650 d’un compteur digital mixte associant aiguille et écran digital. Le Tripper (Gps) de la marque est aussi installé et d’origine en plus. C’est lisible, clair et parfois moins sous le soleil.
Cette Royal Enfield Shotgun 650 est confortable, saine à la conduite. Joueuse dans le sinueux autant que rigoureuse sur voie rapide. La protection aux éléments était confiée sur notre exemplaire de presse à un court mais efficace déflecteur placé sur le phare avant. Elle donne confiance dès les premiers mètres parcourus à son guidon.
La position de conduite est parfaite, le dos droit, les jambes pliées mais sans exagération, les bras devant soi mais sans être tendus. La route peut défiler, la fatigue ne survient que tard et le confort général est de très bon aloi. La hauteur de selle posée à 795mm du sol rend cette Shotgun 650 accessible à quasiment tout le monde. Le poids de 240Kg ne se fait ressentir que sur des manœuvres moteur arrêté car sinon, la Shotgun 650 se balade comme un gros vélo et se manie à l’aide du guidon bien cintré. On peut donc facilement vider le réservoir de 13,8 litres donnant une autonomie de 250km en une traite sans souffrir.
Cette Royal Enfield Shotgun 650 se décline en plusieurs coloris. Notre exemplaire revêtu de ce gris sombre se montre assez classe et associé aux touches de noir ainsi qu’à l’absence de chrome, il y une impression de puissance prête à jaillir qui s’en dégage. Si vous regardez les pièces installées d’origine sur cette Shotgun 650, vous ne trouverez que de l’attention pour les détails. Voyez les poignées ballons siglées, les commodos en métal polis noirs. Les différents caches moteurs sont polis et le contraste avec le bloc moteur est de toute beauté.
La partie cycle noire avec ses 2 silencieux pointant vers l’arrière comme deux canons et offrant une mélodie à nos oreilles, les garde-boues métalliques, le feu arrière de type tomate.
Bien que délicieusement, rétro, les feux sont full Leds. Quand esthétique se combine avec sécurité. Seul bémol, les plateaux repose-pieds du pilote qui sont trop inclinés vers l’avant et imposent de lever le pied pour passer un rapport.
Ils sont optionnels donc pas obligatoires et pour accentuer le côté oldtimer, nous verrions bien un sélecteur double branches.
Je vous glisse ici quelques photos de notre exemplaire accessoirisé. Rétros en bout de guidon, saut de vent, selle confort mono, jantes fraisées. Que du simple, efficace et très beau. C’est un des atouts de cette Shotgun 650, elle est customisable à volonté. Il y a déjà eu plusieurs concours et les réalisations sont très sympathiques en restant toutefois raisonnables sur le plan financier. Il faut dire qu’en partant d’une base vendue 7690€, même en y rajoutant une liste d’accessoires, vous restez sur un investissement financier rentable au niveau du plaisir ressenti au guidon.
Royal Enfield surfe sur la vague du succès, ainsi commence cet article. Il faut reconnaître les choix intelligents et le placement de produit intelligemment sur le marché. En plus des 650, la nouvelle Hymalayan 450 fait parler d’elle aussi et avec raison. C’est assurément un futur best-seller.
Dans le cas de cette Shotgun 650, je dois reconnaître un léger pincement au cœur lors de la remise de la moto au dealer. La semaine passée en sa compagnie aura été sympathique, même si la météo pourrie aura tenté de nous déstabiliser. La Shotgun 650 s’est là aussi montré rassurante, les pluies torrentielles traversées à son guidon ne sont que de lointains souvenirs. La très bonne partie cycle et ce moteur bien vivant font de cette moto une machine attachante avec laquelle on a envie de remplir les pages blanches d’une histoire à écrire. Des voyages, des virées avec des potes, de belles séances de nettoyage en écoutant la musique et en la regardant. Partir rouler au soleil levant sur les routes du réseau secondaires et rentrer le soir à la fraîche. Partir plusieurs jours en road trip en solo ou en duo. Si vous avez le temps et l’envie, la Shotgun 650 le fera avec vous. Attention, l’essayer est dangereux, vous risquez de vouloir l’adopter !
Lolobadboy