Puisque le fabricant japonais a la (bonne) habitude de laisser longuement ses créations au catalogue, la sortie d’un heaume Shoei est un événement en soi. Par son positionnement, ce RYD en a surpris plus d’un lors de sa présentation. Voyons donc où le situer dans la très qualitative gamme nipponne.
On a beau s’appeler Shoei, lorsqu’on sort une entrée de gamme à 399€, il faut assurer le coup car on est légitimement attendu au tournant. En plein processus de renouvellement, les Japonais nous proposent dont ce RYD après les sorties des NXR (plus sportif sans être racing) et GT-Air (plus orienté tourisme). La spécificité alléguée du RYD ? Une compacité supérieure pour un usage urbain orienté roadster. Eh bien, n’en déplaise à Shoei, notre essai de sa nouveauté a démontré un champ d’application bien plus vaste que prévu : passant avec bonheur d’une basique à une hypersportive ou à une GT, le RYD a finalement bien droit de cité dans l’assortiment du manufacturier du Soleil Levant.
Vous avez dit compacité ?
Nonobstant un argumentaire qui fait la part belle à la compacité remarquable du RYD, nous ne l’avons pas trouvé plus compact que la moyenne de nos autres casques. Ceci dit, c’est peut-être normal puisque notre casque d’essai est une taille XL et qu’il arbore donc la plus grande des quatre ( !) calottes disponibles. En dépit de cette grande calotte, les fibres composites de notre RYD restent très légères et le casque affiche un très beau 1325g sur la balance. Naturellement, comme il ne souscrit pas à la mode actuelle de l’écran solaire amovible, il y gagne du poids et de la compacité, sans parler d’une robustesse structurelle accrue aussi par le choix d’un calotin en polystyrène à densités multiples. Conséquence directe du poids et de l’encombrement contenus, il s’accommode aussi bien de la posture penchée imposée par une sportive que du buste redressé inhérent à une GT ou à un roadster, ce qui est un incontestable bon point et montre une polyvalence que ne laissait pas forcément présager le dossier de presse…
A priori, un casque Shoei est un chausson, et le RYD ne fait pas exception à la règle : très facile à enfiler, la nouveauté japonaise épouse votre morphologie et la douceur souple du revêtement interne (hypoallergénique et facilement/entièrement amovible pour être lavé) se fait immédiatement apprécier. Autre donnée d’importance pour les porteurs de lunettes : ces dernières trouvent naturellement leur place dans les interstices prévus à cet effet, de sorte que même une route longue de près de cinq heures ne rend pas leur présence désagréable. Ce qui est d’ailleurs le cas du RYD lui-même : les heures et les bornes s’additionnent mais il reste toujours aussi peu présent, et donc aussi confortable, sur votre tête. Du Shoei pur jus, car le confort à long terme est une des marques de fabrique de l’équipementier japonais.
Du reste, l’aérodynamique du RYD est également de très bon niveau, ce qui est normal si on considère que le fabricant le destinait à des motos qui protègent peu voire pas du tout. Incontestablement, sa conception en soufflerie a du bon et le casque offre un bon coefficient de pénétration dans l’air, qui le rend peu sensible aux turbulences, même à haute vitesse. A ce point de vue, le RYD se comporte plus ou moins comme un casque sportif, ce qui n’est pas si étonnant puisque son profil, sans être résolument racing, est tout de même très dynamique.
Quoi d’autre ?
Autre élément prégnant du dossier de presse Shoei : le parti-pris esthétique consistant à rendre les aérations du RYD bien visibles alors que les fabricants de casques s’ingénient souvent à les masquer autant que possible. En ce qui nous concerne, on n’y trouve rien de choquant, l’effet est assez réussi et se marie bien avec les finitions uniquement unies retenues par la marque. Nous pensons même que l’absence de décos bariolées s’explique justement pas cette volonté d’accentuer la présence des aérations tant frontales que sur la mentonnière. Bien entendu, de telles aérations se devaient d’être performantes et le fait est que Shoei ne s’est pas raté : si on peut leur reprocher de ne disposer que de deux positions (c’est ouvert ou fermé, sans intermédiaire), les aérations du RYD sont remarquables d’efficacité. Qu’on ait la tête penchée ou redressée, qu’on aille vite ou pas, les trois orifices présents assurent une réfrigération très satisfaisante du crâne ; à tel point que nous pouvons affirmer qu’il serait malaisé de trouver un casque plus performant à ce point de vue que le nouveau Shoei. On le trouverait peut-être dans les meilleurs hauts de gammes racing, mais à un tout autre tarif car, dans la même gamme de prix, on ne voit aucun heaume qui puisse rivaliser, d’autant qu’il a le bon goût de générer peu de courants d’air.
Un autre critère important dans le choix d’un casque est évidemment le niveau sonore. A ce point de vue, on aurait pu espérer mieux d’un casque qui se destine à des roadsters. Shoei vous rétorquera que son RYD cible d’abord les motards urbains et qu’en principe, ces derniers ne roulent pas vite, ou alors pas longtemps. On ne peut certes pas qualifier le RYD de casque bruyant, mais disons qu’il ne fait pas mieux que la bonne moyenne dans son créneau tarifaire. Etrangement, Shoei dans son dossier de presse, fait allusion à des coussinets d'oreilles spécialement destinés à réduire l'empreinte sonore de son nouveau casque, mais ces derniers ne nous étaient pas fournis avec les accessoires habituels (lubrifiant joint et crémaillères, mentonnière souple pour éviter les courants d'air). Rien à signaler du côté du champ de vision lequel satisfait tant verticalement que horizontalement, et profitons-en pour souligner l'excellente qualité optique des 2 visières dont nous disposions, la claire d'origine et la dark smoke (fumée). Comme de juste, le RYD est fourni avec sa lentille Pinlock antibuée qui vient s’insérer facilement dans le renflement prévu sur la visière. Précisons encore que le casque est fourni avec un seul écran incolore et que l’écran fumé dont nous disposions en option (60€) est très sombre et ne s’accommodera donc pas d’un roulage nocturne, sauf peut-être dans des zones bien éclairées.
Pour conclure
A l’échelle du détail, nous épinglerons encore la présence du EQRS (Emergency Quick Release System) qui se généralise chez Shoei et permet d’ôter facilement le revêtement interne pour enlever le casque en cas d’accident. Saluons aussi le système de (dé)pose de la visière : plus facile que ce que propose Shoei, on ne connaît pas ; c’est le genre souvent copié mais jamais égalé… Enfin, pour ceux qui se posent la question, sachez encore que si les coloris mats sont sensibles aux traces de doigts, ils se nettoient très facilement parce que les insectes y adhèrent moins que sur les finitions vernies traditionnelles.
Alors c’est vrai, une entrée de gamme à 399€, ce n’est vraiment pas donné, mais une autre vérité demeure : le RYD n’a rien d’un Shoei à la petite semaine, c’est le digne représentant d’une marque parmi les plus prestigieuses, ce qui en fait un casque de haut niveau qu’aucun propriétaire ne devrait regretter d’avoir acquis. Et à ceux qui regretteraient l’absence d’une jugulaire à fermeture micrométrique, nous dirions que rien n’est plus sûr que la boucle Double D retenue par le manufacturier.
www.shoei-europe.com