La benjamine
C'est une machine complètement revue que nous découvrons. Comme la GSX-R 1000 l'an passé, la 600 adopte des lignes radicales. Notamment grâce au magnifique 4 en 1 très court et aux entrées d'air qui entourent l'optique de phare. Enfin, feu stop et clignotants ne sont plus sur le même plan. Cette GSX-R hérite entre autres d'un nouveau cadre et d'un nouveau dosseret de selle. On compte également sur les ingénieurs de Suzuki pour avoir revisité le moteur. Le bloc propulseur bénéficie d'un surplus de canassons à plein régime, soit près de 125 ch en " full " ! Largement assez sur route, et suffisant sur piste pour les amateurs avertis. Comme la 750, une valve à l'échappement fait taire les décibels à bas et moyen régimes, elle module aussi l'écoulement des gaz pour augmenter le couple. Un deuxième injecteur par cylindre fait son apparition, ainsi qu'un système anti-blocage de roue arrière au rétrogradage.
Y a-t-il un pilote dans... l'avion?
Lors de notre essai (sur route uniquement), on a apprécié un certain confort au quotidien, lequel permet de ne pas toujours se prendre pour un pilote, donc de rouler un peu selon son humeur. Mais la quintessence d'une telle machine, c'est d'entendre le moteur donner tout ce qu'il peut en profitant d'une bonne partie cycle. Pour cela, direction les petites routes pas trop tourmentées, juste ce qu'il faut pour offrir de bons virages assez larges, avec une visibilité satisfaisante et un bitume propre. Pour une utilisation à hauts régimes, la GSXR 600 est capable de reprises même lorsque l'on flirte avec la zone rouge. On note la facilité de dosage des gaz : la puissance est facilement maîtrisable et donc exploitable, gage d'un pilotage efficace et sûr. Les montées en régime sont constantes même si, au-delà des 6000tr/min, cela respire beaucoup mieux (et sans faiblir jusque 15.500, s'il vous plaît), il est possible d'évoluer sous ce régime et de reprendre sans trop de difficulté. le poids plume n'y est pas pour rien. Coté boîte de vitesses, rien à dire, cela passe très facilement, rapidement et précisément, rien d'étonnant dans ce créneau de machines pensées pour la piste. Pour les plus pointilleux, il est possible au démarrage du moteur de régler la " Shift Light ", une puissante lampe blanche placée sur le tableau de bord. Immanquable lorsqu'on a le nez dans la bulle, elle s'enclenchera à un régime moteur particulier et peut vous permettre d'optimiser les changements de rapports. Ce n'est pas qu'un gadget, ça optimise la précision du pilotage et fait gagner des dixièmes...
Comme il se doit pour une machine destinée à la piste, les suspensions se règlent dans tous les sens (précharge, amortissement et détente). De base, les réglages offrent une machine rigide destinée à être 100% efficace. Au registre des freins, on a apprécié la facilité d'utilisation. La machine freine fort avec une attaque très efficace qui n'est pas surprenante pour autant. L'avant est très facilement dosable, il offre une large plage d'utilisation et permet de freiner fort dans tous types de situations. Rien d'étonnant sur une sportive encore une fois. Si on est perfectionniste, le but du jeu consistera à maintenir le régime moteur entre 12000 et 14000tr/min, là où le meilleur se passe, en fait, et d'enchaîner les virages en jouant avec la boîte de vitesses pour toujours rester dans cette plage d'utilisation idéale. Comme on l'a vu, on peut régler la Shift Light si on le souhaite, mais à l'oreille, ça ne va pas mal non plus parce que, depuis quelques années, les mélodies made in Suzuki sont ce qui se fait de mieux. Freinages puissants, accélérations vives et changements d'angles rapides, le tout en confiance, voici en quelques mots un résumé de session de roulage. La consommation ne nous a pas permis de dépasser la barre des 200km, mais à chaque plein on garde le sourire avec toujours le sentiment que cela pouvait passer bien plus vite. " C'est sûr, il restait de la marge ", comme on dit.
En piste pour le fun
Sur circuit, la 600 fait parler la poudre grâce à sa plage de régimes plus large qu'on n'aurait cru. Cette Gex fonctionne telle une catapulte, le 4-pattes ne rechigne jamais à grimper vers la zone rouge. Un comportement super joueur et facilement maîtrisable, notamment à l'approche de la zone de couple maxi, là où les 1000 catapultent aussi les plus généreux, mais... dans les airs. Il est donc aisé et jouissif de solliciter au maximum ce moteur en sortie de courbe. Un dernier gauche, qui commande la ligne droite, se prend... à près de 180 km/h sur l'angle maxi. Magique ! Une aptitude à la piste renforcée par le travail précis de la boîte de vitesses (aucun faux point mort, même à la volée). Un pilote moyen prendra rapidement du plaisir, même sur route. Léger, facile à mettre sur l'angle et absolument pas vicieux, il est possible, avec ce 600, de rouler vite avec un temps d'adaptation minimal.
Donc
Pas facile donc de trouver quelque chose à redire sur cette Suzuki GSXR 600. Sauf en duo, évidemment: pas facile d'envisager de longs voyages à deux sur ce genre de machine. D'un côté, cela tombe bien, ce n'est pas fait pour ça. La selle est correcte, par contre la position du passager en général et de ses jambes en particulier aura raison de sa patience surtout si on adopte une conduite sportive qui l'amènera à s'écraser sur le pilote à chaque décélération soutenue. Point important, la GSXR 600 est dotée d'un amortisseur de direction non régléble. Celui-ci limite la facilité de manoeuvre pour stationner par exemple, mais sera apprécié lors du passage de grandes courbes au revêtement inégal. Légèreté et facilité sont deux mots qui revenaient souvent lors de l'essai. Sous le soleil ou sous la pluie, cette Suzuki sait nous mettre en confiance en tous types de conduites. Beau compliment pour une supersport.
