Lancée aux côtés de la version normale, la MT-10 SP se dote richement au niveau des suspensions, héritées de la prestigieuse R1M. Le fournisseur maison n’est autre que le bien connu Öhlins, partenaire privilégié de la marque d’Iwata. Les suspensions électroniques ont été adaptées au turbulent maxi-roadster et deux modes (A1 sport et A2 Touring) apportent leur plus-value à la tenue de route déjà performante de la MT-10. La fourche NIX30 associée à l’amortisseur TTX36 apporte une rigueur de fonctionnement et un sacré niveau d’amortissement.
La MT-10 SP, c’est avant tout une Gueule, un physique de prédateur routier. Épaules larges, petite taille et lignes taillées à la serpe, on sait directement à qui on a affaire. Pour rouler plusieurs jours de longues distances, ce ne sera pas votre meilleur choix. Par contre, pour aller jouer avec les potes sur petites routes sinueuses ou sur circuit (de préférence), elle sera votre alliée de choix.
Niveau coloris, comme toute série spéciale d’Iwata, un seul choix possible : gris Racing avec les touches de bleu sur les jantes et la carrosserie, agrémenté de petites touches de noir Racing. On aime ou pas mais le ton Racing est bien présent.
Petit aparté concernant la surprenant protection offerte par ce petit saute vent. Il permet de rouler aux vitesses légales sur autoroute sans ressentir la pression du vent et a dévié les gouttes de pluie lors de nos roulages en conditions humides.
La MT-10 SP se pourvoie aussi d’un nouveau tableau de bord TFT, d’un shifter (uniquement à la montée des rapports), 2 modes d’affichage sont prévus, route et circuit. Tout est facilement paramétrable depuis le guidon, easy !
Pour le reste, le TCC-T traction control preste avec toute son efficacité et veille au grain aux éventuelles dérobades de l’arrière-train. Le quickshifter ne fonctionne de façon optimale qu’au-dessus de 5500T/Min et là, quel plaisir de passer les rapports à la volée gaz grands ouverts…
Le moteur délivre la coquette puissance de 160cv à 11500 T/min avec un couple de 111Nm à 9000 T/min. Autrement dit, bien plus qu’assez sous la poignée ! Ce bloc CP4 est revu ici, seul 40% de pièces sont communes avec la R1. L’essentiel de la puissance est délivrée à bas et mi-régime permettant une exploitation de cette MT-10 SP sur route ouverte et en usage quotidien. L’excellente boîte à 6 rapports assistée par un embrayage à glissement limité apporte tout son savoir et sa précieuse aide pour éviter les débordements de la roue arrière aux rétrogradages.
La puissance est bien présente mais jamais ingérable, pas de sentiment d’être dépassé par un surplus de puissance. Ce sentiment a deux visages : c’est un plus pour une exploitation par le commun des mortels mais c’est aussi un danger pour un pilote inexpérimenté, se retrouver aux commandes d’un missile sol-sol de 160Cv demande une expérience certaine pour ne pas se laisser emporter par ce sentiment de facilité ressenti au guidon de cette fabuleuse moto.
Niveau du châssis, que du connu et du bon en plus : cadre alu Deltabox, suspensions Öhlins, freins radiaux 4 pistons mordant pleinement des disques de 320mm à l’avant. Le guidon en Alu bien dessiné apporte un confort de conduite et une maniabilité de haut niveau. Il est loin le souvenir de la FZ1 qui peinait dans les comparatifs. Ici, la MT-10SP va faire parler la poudre, la concurrence n’a qu’à bien se tenir, Yamaha revient aux affaires avec une machine aboutie, un look d’enfer et les capacités techniques pour donner du fil à retordre aux BMW S1000R, Kawasaki Z1000 et autres Ducati Streetfighter…
En route, on se retrouve avec une moto aboutie, délivrant un feeling de la route très impressionnant et permettant de rouler vite sereinement. Il ne m’était plus arriver de rouler sous le déluge avec une pareille tranquillité d’esprit. C’est un signe d’un parfait équilibre entre moteur, châssis, freins et suspensions. Sans oublier les pneus bien entendu. Le revers de toute cette débauche d’aides électroniques vient de la multitude de réglages possibles permis au pilote et l’éventuel fourvoiement qui peut en découler, rendant la moto difficilement conduisible suite aux multiples manipulations des différents modes. Il faudra toujours avoir son petit carnet, son crayon et sa route test afin d’optimaliser les différents packages d’aides embarquées.
Ne boudons pas notre plaisir en ces temps moralisateurs, la semaine passée en la compagnie de la Yamaha MT-10SP fût, malgré la météo capricieuse, une excellente semaine. Les kilomètres ont défilé, les paysages se sont succédés à son guidon et le plaisir était chaque fois de la partie. Vendue au prix de 16.995 Euros, c’est un bel investissement mais la MT-10SP est un bel objet, une moto dotée de haute technologie et d’un moteur rempli de bonne volonté.
Allo, Monsieur de la Banque, on peut se parler ???
Lolobadboy