Yamaha ressort l’appellation R7 du placard où la firme d’Iwata l’avait rangée. L’ancienne version était une sulfureuse super sportive qui n’a eu sa place sur la route que pour cause d’homologation de la version courant en championnat du monde de Superbike. Sa descendante ici à l’essai n’a de commun que le patronyme et rien d’autre. Version sport d’une MT07, bardée d’un design très réussi et dotée de matériel au top niveau, c’est clairement une invitation à la baston que lance Yamaha avec cette R7.
La ramage vaut ‘il le plumage, telle est la question ? A la lecture de la fiche technique, on pourrait déchanter et le sentiment de déception pourrait prendre le dessus. Alors oui, les 73Cv ne sont pas une valeur extraordinaire et la R7 ne vous allongera pas les bras, c’est clair. Mais cette moto offre d’autres qualités que nous allons détailler ensemble.
Le design est une réussite, les lignes sont acérées et tout est fait pour offrir le look issu de la famille R. Le nez de carénage est dessiné pour offrir la pénétration dans l’air idéale. Le pilote est valorisé sur cette R7 et nulle impression de rouler sur une moto au rabais n’en ressort. Les assemblages des plastiques sont parfaits, la visserie est de qualité. La version de l’essai est un hommage aux 60 ans de règne de Yamaha. Cette livrée sublime encore plus le modèle, la touche de jaune sur le nez rappelle d’office les panneaux porte numéros dont sont équipés les motos de course, sûr que le Roi Agostini aimerait rouler dessus.
Les logos placés sur le flancs sont bien intégrés et la peinture brille de mille feux au soleil. C’est vraiment gratifiant de rouler sur cette version de la R7.
Le châssis est un cadre acier de type diamant et ne pèse que 15 kg malgré les renforts en alu qu’il a reçu. Il ne coûte donc pas un bras à produire et se comporte très bien au vu de la puissance du moteur. Le bras oscillant est en alu et l’amortisseur Kayaba utilisé reçoit des réglages en plus que sur la petite sœur MT-07.
La biellette de basculement pose l’arrière plus haut et la selle culmine à 835mm du sol. La fourche avant de type inversée provient du même faiseur et utilise des fourreaux de 41mm de diamètre avec un triple réglage.
Le tube gauche gère la compression, le droit la détente. Pour une fourche de moyenne gamme, elle fait un très bon boulot et on en reçoit un guidage du train avant très sain. Il y a certes mieux mais c’est plus cher. Cet ensemble de suspension est homogène et fait le job.
Les freins sont aussi de très haut niveau. Double disques de 298mm pour l’avant pincés par des étriers 4 pistons radiaux et un disque de 245mm derrière pincé par un étrier deux pistons. Le tout sous la s’assistance de la centrale ABS non déconnectable, enfin officiellement parce qu’en réalité, en enlevant deux fusibles, vous vous retrouvez sans ABS. C’était le cas avec notre moto d’essai. En moins de 5 minutes, le problème était réglé chez le dealer. Le maître-cylindre Brembo radial aussi offre une progressivité et un excellent feeling à ce freinage.
L’ergonomie et la vie à bord ne sont pas de tout repos. La selle à 835mm du sol associée à des bracelets non réglables placés sous le T de fourche font de chaque trajet urbain un calvaire pour les bras, les poignets et votre nuque.
Il faut rouler pour prendre la pression du vent sur le buste qui viendra soulager le poids sur les poignets, merci à la bulle qui ne protège de rien.
Reste le souci de la nuque qui ne disparait pas, l’angle formé par vos cervicales au guidon de cette Yamaha R7 est pénible. Massage et séance de kiné en vue après une balade de plus de 100km.
Cependant, chose rare qui mérite d’être soulignée, la selle est étrangement confortable. L’angle des jambes est acceptable pour un pilote de 1,82m comme votre serviteur. Cette Yamaha R7 est faite pour le sinueux, le circuit où la conduite active est de rigueur, elle trouve sur ce terrain là tout son sens. Avec du courage, elle se pliera à votre quotidien aussi.
Petit point à part pour le tableau de bord, un simple écran LCD engoncé au fond du carénage loin devant le T de fourche. Lisibilité ok, informations essentielles présentes mais dénué de tout charme, il est toutefois manipulable via un bouton sur le commodo gauche.
Ces comodos sont des plus classiques, sobres et effectuent leur travail sans offrir une quelconque touche de fun.
Le moteur est bien connu, on parle ici du CP2 de 689cm³. Développant la puissance de 73,4Cv à 8750T/Min et offrant un couple de 6,80Mkg à 6500T/Min, il n’a rien d’extraordinaire. Ce bloc à 4 soupapes par cylindre est un bicylindre parallèle au calage particulier. Il officie avec un certain succès dans les différentes déclinaisons de la gamme Yamaha, les MT-07, Tracer 07, XSR700 et la dernière Ténéré T7. Compagnon de tous les jours très agréable, il est rond et joueur. Il ne demande qu’à propulser l’ensemble avec un grondement sourd venant de la boîte à air avec flancs de réservoir ajourés pour augmenter le volume sonore. Pour aller chasser le chrono sur circuit et taquiner de la vitesse de pointe (>220Km/h), il est dommage que la démultiplication finale ait été allongée. La R7 tire long comme un jour sans moto ! Point discuté sur un forum de passionné et avec un collègue Français, tout le monde est d’accord là-dessus. La solution est simple si ne cherchez pas la vitesse de pointe absolue, remettez simplement la démultiplication de la MT-07 et le tour est joué. Les sorties de virage seront plus vigoureuses, les relances bien plus sympathiques. Il nous aura fallu plusieurs fois rentrer un voire deux rapports de boîte pour obtenir une relance franche. D’accord, on reste sur un bloc 700cc de 74Cv mais il tire trop long en version standard dans la R7. Ce moteur est bridable en version 35KW pour attirer les plus jeunes d’entre nous dans le giron Yamaha après avoir usé de la R125. Faut fidéliser la clientèle !
Entre 3000T/min et jusque un bon 7500T/Min, il se montre joueur et efficace. Passé ce régime, il devient plus fade comme sur les autres moteurs de la gamme. Vous apprendrez donc à jouer de la très bonne boîte de vitesse et si vous prenez l’option Shifter UP, les rapports se monteront sans couper les gaz. Petite option à 170€ qui est rigolote bien qu’à l’utilité limitée vu que le shifter n’agit qu’à la montée des rapports.
La ligne d’échappement Akrapovic titane est de toute beauté et se trouve en plus être homologuée, la chicane n’est pas amovible. La sonorité est belle, les grognements moteurs restent acceptables et en usage quotidien, ce n’est pas impossible de l’utiliser tous les jours. De plus, sur beaucoup de circuit, la moto passe au sonomètre avant les runs et donc, cette ligne vous fera gagner quelques petits Cv et ne cassera pas les oreilles de belle-maman. Cette ligne est facturée 1734,99€.
Pour le reste, on reste dans du classique sans esbrouffe. Pas de Ride By Wire, pas de modes moteur, pas de contrôle de traction, pas de Brake Cornering. Que du simple et éprouvé et finalement, cela ne manque pas sur cette Yamaha R7. L’ensemble se comporte très bien sur la route et encore bien mieux sur circuit. C’est une moto qui a sa place sur l’asphalte des circuits. Moins à l’aise sur les circuits aux interminables lignes droites, elle sera parfaitement à l’aise sur un circuit court et sinueux. Débutants comme pilotes confirmés trouveront de quoi faire aux commandes de cette R7. Comme quoi, rester simple parfois a du bon.
L’éclairage est full Leds, ce qui devient un classique sur nos motos actuelles. Les clignoteurs aussi et ne sont pour une fois pas proposés en option, merci Mr. Yamaha.
Le superbe réservoir d’essence est d’une contenance assez limitée de 13 litres, autorisant des roulages de 200km avant ravitaillement. En usage route et clame, la consommation descend sous les 5 litres, ce qui n’est pas mal. Sur notre semaine d’essai et avouons le ici, la consommation a oscillée entre 5.5 et 7.5 litres aux 100km. Il faut reconnaître que notre rythme était enjoué et que les quelques arsouilles avec les potes au guidon de cette R7 nous laissent d’excellents souvenirs.
Cette Yamaha R7 est disponible en noir, en bleu ou dans cette superbe livrée rouge/ Blanche fêtant le 60ème anniversaire au prix de 9899€ et il faut prévoir un surplus pour cette décoration spécifique. Elle le vaut vraiment, regardez la briller sous le soleil et vous saurez… Cette R7 est encore fabriquée au japon et cela se reconnaît aux sigles placés sur la moto. Les écussons des modèles venant du pays du soleil levant sont spécifiques. Elle est homologuée 35Kw (permis A2), a passé les normes Euro5
Attention que notre version d’essai pour enfant gâté (oui, les essayeurs sont des grands enfants) est une version monoplace. La R7 est livrée prête au duo avec une selle passager ridicule et des repose-pieds placés beaucoup trop haut. Autant les anciennes sportives permettaient le duo, autant cette R7 sera une cause de divorce avec votre douce et tendre compagne, vous voilà prévenus.
Après une semaine en sa compagnie, la Yamaha R7 nous a laissée de très bons souvenirs. Pas faite pour la navette quotidienne, elle se révèle une très bonne moto pour apprendre la trajectoire, poser ses premières roues sur un circuit et poser son premier slider. Son prix de 9499€ en version standard en fait une moto assez bien placée. Les arsouilles du dimanche avec les potes sont dans son répertoire au contraire des voyages, bien qu’un de nos confrères Français se soit lancé le défi fou de traverser la France jusque qu’en Italie pour aller rouler sur circuit et en revenir.
Nous, pour notre part, on considère cette Yamaha R7 comme une très bonne moto de moyenne cylindrée, jolie et bien finie, bien équipée et remplie de fun. Cela suffit à nous combler et à nous faire rêver d’en placer un exemplaire dans le garage à côté de notre maxi Trail. Histoire de revivre nos 20 ans et nos premiers exploits sportifs entre amis entre deux bars….
Lolobadboy